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L’ENTHOUSIASME

fausses, dessous de candélabres en gros tricot de aine.

M’asseyant enfin, je prêtai l’oreille aux bruits de l’escalier. On n’entendait que le vent sous la porte. À la longue une telle anxiété m’oppressa que j’avais plutôt la sensation d’être horriblement malheureux, et que je me pelotonnais sur moi-même comme un pauvre qui a froid. Cependant la chaleur devenait intolérable.

La pendule sonna quatre coups. J’ouvris la fenêtre et me postai derrière les volets. Un homme balayait la chaussée boueuse, lentement, paresseusement. De toute ma volonté tendue, les veines du front gonflées, je lui suggérai de partir, à cet homme, dont il était possible qu’elle eût peur. La demie sonna. L’individu partit. Deux paysannes s’en vinrent, des paniers au bras, et au bout de la rue solitaire une femme apparut, Geneviève. Vraiment je souffris. J’aurais presque désiré que ce ne fût pas elle, et en même temps si ce n’eût pas été Geneviève, j’eusse crié de désespoir. Elle allait rapidement, la tête basse et sans se retourner. Je discernai le désordre de ses traits. Elle approchait… encore quelques pas… Je courus à la porte et l’entre-bâillai pour lui éviter toute hésitation. Ma joie éclatait, soudain délivrée.

Une minute, deux minutes… Personne. Je revins à la fenêtre : dans la rue, personne. Geneviève n’avait pas osé.

— Elle va venir, il est inadmissible qu’elle ne