des murailles, des geôliers, des cachots, des punitions, peu d’air et peu de lumière. Ferait-on davantage si l’enfant avait commis quelque méfait ?
J’ai pensé bien souvent que le début de la vie devrait être un enchantement et qu’il n’y avait aucune raison pour qu’il n’en fût pas ainsi. L’âme, toute neuve, se prête à toutes les formes du bonheur ; le corps, intact, ne la contrarie point ; et les questions de fortune et de situation sont indifférentes puisque l’enfant n’exige rien, pour être heureux, que la liberté de l’être. Moi, qui fus parmi les privilégiés, je ne devrais avoir que des souvenirs radieux et ne songer au petit garçon que j’étais que comme à une créature d’élection, en vue de laquelle le destin avait ouvert des prairies où l’on court, planté des arbres où l’on grimpe, élevé des montagnes d’où se tirent les billes d’agate, imaginé des contes où les fées évoluent et de nobles histoires où combattent des héros. Pourquoi le passé ne m’offre-t-il jamais, au premier effort de ma mémoire, qu’une pauvre silhouette de collégien craintif et frileux sur qui claque la porte d’une prison ? Je n’étais pas malheureux et il me semble l’avoir été. Bons ou mauvais, tous ceux que j’évoque, pions, professeurs, maîtres d’études, se présentent suivant une vision invariable, comme autant de personnages chargés spécialement de m’opprimer, moi, Pascal Devrieux. C’est une sensation d’étouffement, qui me poursuit même en dehors du collège. M. Hamelin, mon grand’père, n’est pas seulement un