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L’ENTHOUSIASME

— Je venais vous serrer la main, et puis faire visite à Mme Darzas.

— À Mme Darzas ?

— Oui, un simple bonjour en passant.

— Ah ! fit-il, un simple bonjour… en effet… tu n’as qu’à sonner au vestibule.

Mais se ravisant, il me saisit le bras et m’entraina du côté de la rue.

— Ne prends pas en mauvaise part ce que je vais te dire, Pascal, c’est à ton amitié et à ton bon sens que je m’adresse… Tu sais comme on est méchant à Saint-Jore et à l’affût de tous les potins ? Eh bien, j’ai peur que l’on n’interprète mal tes visites… ton grand-père m’en avait déjà touché deux mots autrefois… Nous ne sommes plus à la campagne, et ici… une jeune femme… on ne saurait user de trop de précautions… Enfin il vaut peut-être mieux s’abstenir. Qu’en dis-tu ?

Je l’approuvai non sans ironie, me souciant peu de cette interdiction puisque Geneviève et moi nous étions liés jusqu’à la mort, et que les circonstances s’ingénieraient à nous fournir des expédients tous meilleurs les uns que les autres. Et, de fait, une petite exploration, le lendemain, dans les rues principales, suffit à me mettre en présence de Mme Darzas. Contre son attente, je l’abordai.

— Vous savez, Geneviève, ce que Philippe…

— Oui, oui, je sais… Soyons sur nos gardes, je vous en prie…

Je souris de son effarement.