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VI

— Je viens te dire adieu, Armande.

Cette dernière visite à la chambre paisible où j’avais appris les délices de la chair, cette dernière entrevue avec une femme qui m’avait été si douce, ne me troublaient point. C’est la vie qui vous enseigne ce qu’il y a de tristesse à se séparer, même d’une personne étrangère, même d’une chose.

— Ah ! fit-elle, tu t’en vas en voyage… quelques jours ?

— Non, tu ne comprends pas, je viens te dire adieu… nous ne nous verrons plus.

Elle me sourit, mais son sourire s’acheva subitement en une telle expression d’angoisse que je fus sur le point de prononcer d’autres paroles et de me lier par des serments. Elle ne m’en laissa pas le loisir, Ouvrant la fenêtre, elle resta longtemps au balcon, les bras appuyés à la rampe, tandis que je cherchais des mots. Enfin elle se retourna. Son visage était calme.

— Tu l’as revue, n’est-ce pas ?