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Cette fois, sans forfanterie inutile, ni timidité hypocrite, il traça les deux mots : parricide, heureux. Leur voisinage ne l’offusqua pas. Ils s’entendaient bien. Hélienne admit que, par un concours de circonstances spéciales, le second eût pu découler du premier.

Une ère nouvelle s’ouvrait. Du moins l’ouvrit-il. Désormais, il serait heureux simplement, et non pas comme s’il avait volé son bonheur. Il se détendrait. Toujours sur ses gardes, il s’en remettrait davantage à sa chance, à sa virtuosité, à la rampe de fer qui bordait le sentier exigu où il restreignait la promenade de sa vie.

Et en effet Marc s’affranchit de toute contrainte. Et la chaîne des jours se déroula, formant les semaines et les mois. Et une et deux années se constituèrent. Louise eut une fille. Puis une troisième année vint et une quatrième.

Aucun incident notable n’arriva.

L’existence se distribuait dans les catégories d’habitudes que créait le temps. On allait régulièrement au théâtre. On recevait tous les samedis.

L’heure du réveil ne variait jamais, ni celle du repas, ni celle du coucher. L’hiver et le printemps, on séjournait à Paris, l’été aux eaux, l’automne à la campagne.

Le bon accord des deux époux ne s’altérait pas. Ils ignoraient les querelles, même le choc des volontés. En fait, Louise acceptait toutes les opinions et tous les ordres de Marc. Le devoir l’exigeait et en outre, l’humeur égale et la gentillesse de son mari facilitaient l’accomplissement de ce devoir.

Marc, au début, n’abandonna pas son travail. La délicatesse des méditations qui lui avaient révélé la connexité bi-