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Un jour, elle lui annonça qu’elle se croyait enceinte. Marc songea moins à se demander ce qu’il éprouvait, qu’à déchiffrer l’état d’esprit de Louise. Il n’y découvrit point la joie de la maternité future, ni l’angoisse des souffrances inévitables.

Découragé, il ne s’inquiéta plus d’elle.

Il se produisit un petit vide qu’il combla en se munissant d’une maîtresse. Puis il abandonna cette créature, dont il n’avait aucune envie, ni physique ni morale.

Un soir, Hélienne rentra du cercle tout grelottant. Il dormit d’un sommeil agité. Le lendemain, il ne mangea pas. On appela le docteur qui prescrivit le lit et la diète. Mais la fièvre empira. Des sueurs inondaient le malade. Louise ne quittait pas la chambre.

Marc suivait lucidement les progrès de la maladie, et, chose bizarre, ne se tourmentait pas d’être ainsi livré sans défense aux attaques de son vieil ennemi. Non, il lui semblait que Louise s’opposerait à sa défaite. Une confiance infinie le réconfortait. Elle le soignait si bien, avec des mains si délicates ! Elle devait savoir les remèdes de l’âme comme ceux du corps.

La convalescence se prolongea, ce dont Marc ne se plaignait nullement. La multiplicité des petits soins et câlineries moelleuses le ravissait.

— Voilà des gens, se disait-il, pour qui je suis un objet de sollicitude constante. Ma guérison est leur unique désir.

Louise surtout donnait cette impression. Sans excès de zèle, sans bruit, elle ne le laissait manquer de rien. Elle allait et venait, silencieuse et bavarde à propos. Et il observait ses paupières