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son église qui coupait la perspective de cette forêt de piliers.

Dans la cour des lions, à Grenade, il dut maîtriser ses sanglots. Ronda, Cadix, Séville, autant de merveilles qui prolongèrent son agitation. Louise se maintenait au même niveau, sinon en fait, du moins en paroles. Elle louait ce qu’il approuvait et s’indignait de ce qu’il critiquait.

— Nos goûts sont d’une concordance absolue, pensait Marc, plein d’espoir.

Ils revinrent par le Portugal. Lisbonne compléta leur enchantement.

À Paris, le jeune ménage s’installa boulevard Haussmann, dans un immeuble qui appartenait aux Doré.

On défit les malles. On déballa les caisses. On mit en place les acquisitions rapportées d’Espagne. Et quand tout fut ordonné, il y eut un temps de répit.

Et Marc se dit en ricanant :

— Eh bien, je suis marié.

Il ne s’en était pas encore rendu un compte exact. Marié ? Comment ? Pourquoi ? Avec qui ? Il jouait l’étonnement comme s’il se réveillait en prison, après une série de jolis rêves. En prison ? Jolis, ses rêves ?

Il eut du mal à se ressaisir. Sa personnalité le fuyait. Il lui fallut s’arracher le vêtement d’hypocrisie dont il s’affublait opiniâtrement et ranger ses petites idées dans leurs tiroirs respectifs.

Alors il se souvint qu’une inquiétude avait interrompu sa crise de travail. Il s’ennuyait. Le passage de la vie oisive à la vie laborieuse était trop brusque. On ne saute ainsi d’un extrême à l’autre qu’au risque de perdre tout le bénéfice de son effort.

C’était son cas. L’ennui est comme