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— Je venais précisément vous prier de me servir d’intermédiaire…


V


En Espagne, Hélienne et sa femme s’intéressèrent peu aux villes du nord. Fort éloignée de sa voisine la plus proche, chacune d’elles, en outre, n’offre guère qu’une curiosité. Barcelone jouit d’un cloître, Ségovie d’un aqueduc. Madrid d’un musée, Burgos et Tolède d’une cathédrale. Cela compense-t-il des fatigues du train ?

Leurs relations s’en ressentaient. Amicales, elles manquaient de chaleur. Ils avaient hâte de pénétrer en Andalousie, et, en effet, dès qu’ils arrivèrent à Cordoue, leur amour se manifesta ; du moins Marc eut-il tous les élans et toutes les gaietés de l’amant, et Louise y répondait-elle par de la gratitude et de la surprise naïve.

— Je l’aime, se disait Marc.

La pureté du ciel et la douceur du climat exigeaient de la passion. L’indifférence eût été anormale dans un pays voluptueux et tiède. Il se croyait à Capri. Et il murmurait à Louise les mêmes phrases qu’à Aniella. Il l’appelait petite chose, petite âme, chère créature de tendresse. Elle souriait.

— Ton sourire m’affole, s’écriait-il.

Il recruta quelques larmes.

Cette surexcitation lui valut de bonnes jouissances artistiques. Il se rappelait la Sicile. Les œuvres des Maures égalent celles des Grecs. C’est la même science des proportions. Quel tour de force d’avoir su conserver l’harmonie dans cet intérieur de mosquée si étendu et si bas ! Il maudit Charles-Quint et