Page:Leblanc - L'œuvre de mort, paru dans le Supplément du 23 mars au 24 juin 1897.pdf/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs comportait des projets plus vastes et, pas plus qu’à son talent d’écrivain, il n’osait poser des limites à ses facultés de penseur, d’artiste ou d’homme politique.

Cette assurance provenait du passé, car son opinion sur lui-même s’établissait d’après la stupéfaction presque admirative qu’il éprouvait au souvenir inconscient de son crime. Un homme capable de combinaisons aussi profondes et d’une énergie aussi extraordinaire peut prétendre à tout. Encore fallait-il donner le pas à l’une de ces prétentions. À laquelle ?

La diversité de ses vocations lui révéla l’enfantillage des tentatives précoces. Il sourit, content de sa candeur. Plus calme, il fut plus clairvoyant. Ici les matériaux manquaient. Là il y avait encombrement. D’un côté on devait démolir pour reconstruire ; de l’autre, profiter des éléments primitifs.

La méthode est l’outil principal en ce chaos. Avec son aide, on classe, on ordonne, on catalogue, on débrouille. Et l’œuvre surgit.

— Elle surgira, s’écria Marc.

Sous les auspices d’une méthode, il se mit au travail. Malheureusement cette méthode, étant mauvaise, lui nuisit beaucoup.

Une première série de mois commençait, dite de préparation, d’autant plus brève que les progrès seraient plus rapides. La journée s’y diviserait en quatre parts. Le matin (la tête est plus fraîche), lectures sérieuses : sciences, revues spéciales, philosophie, histoire des écoles de peinture, biographies des grands artistes. Après le déjeuner, visite des musées et des monuments.