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tage sur le chagrin de Frédéric, car elle prit l’habitude de s’absenter toutes les journées. Cet excédent de torture le rendit fou. Il enferma sa maîtresse. Derrière son dos, elle s’évadait.

Il écrivit à Frédéric :

« Ma porte vous est ouverte. »

Frédéric accourut. Le soir, Élisabeth appartenait à Marc. Ce fut une nuit inoubliable.

Pour s’en procurer d’analogues, il accepta tout. D’abord espion attentif au moindre signe, s’attachant aux deux coupables, il se lassa ensuite au point de reprendre ses promenades avec une exactitude que ne décourageaient la pluie et la neige. Élisabeth l’en récompensait si amplement !

— Quand on est lâche, se disait-il, on ne saurait trop l’être. Il n’y a pas de degré.

Il n’essayait même pas de se relever. Il n’en avait nulle envie même. Élisabeth lui pouvait imposer bien d’autres hontes sans qu’il protestât.

Des bribes de réflexion s’effilochaient quelquefois en son cerveau. Il se rappelait les heures de supplice où il se traînait dans la vallée du Bec. Celles-là du moins ne manquaient pas de noblesse. Aujourd’hui sa souffrance était vile.

Comme un enfant grondé, il mettait les mains dans ses poches et se rebiffait contre lui-même.

— Eh bien, soit, je suis lâche, qu’importe ! pourvu que je jouisse de sa chair. C’est à moi d’apprécier si cette jouissance vaut le mépris de ces deux êtres ; quant au mien…