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Marc jugea drôle de troquer l’une contre l’autre. Mais, seule avec lui, Francine traversa une crise de désespoir où il put utiliser ses phrases consolatrices de la veille.

— Cette classe de femmes ne manque pas d’imprévu, se dit Marc, voici deux expériences contradictoires qui déroutent mes appréciations, et qui prouvent chez elles de la complexité et de la spontanéité.

Cet intérêt factice lui servit d’excuse. Il se mêla au monde des filles. Certains de leurs actes, d’une anomalie trop brutale, le frappaient bien parfois. Jamais il ne se fatigua cependant à les coordonner, à les déduire les uns des autres par des procédés psychologiques. Il ne souhaitait que son divertissement.

Aurélie et Francine le choyaient à cause de sa générosité. Marc leur accordait ses faveurs au hasard. Elles entendirent qu’il profitât de leurs relations particulières, et ainsi il connut Frédéric, charmant garçon, Lucien, si cocasse, Raoul, le bon chanteur.

L’hiver fut joyeux. Comme débauches il comporta des soupers où l’on cassait les verres et où l’on jetait du champagne dans le piano, des bals à l’Opéra où l’on s’ennuyait bruyamment, et des soirées travesties où les filles s’efforçaient de ressusciter l’impudeur des grandes courtisanes antiques.

Une innovation réussit. Il fut stipulé qu’à tour de rôle chacun des membres de leur petite bande s’enivrerait. Marc se grisa et garda le lit pendant trois jours. Il inscrivit : « Je ne me griserai plus. »

Il s’amusait beaucoup. Ses trois amis, Lucien, Frédéric et Raoul, lui semblaient pétris de qualités exquises. Les