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d’aspect provincial. Une fille à chignon roux manœuvra autour de lui. Par contenance, il sourit. Puis il rougit de ce sourire stupide.

Deux heures d’allées et venues sur le boulevard épuisèrent son espérance. Marc s’aperçut qu’il ne s’amusait guère. Il suivit la rue de la Paix, la rue de Rivoli, l’avenue de l’Opéra. Elles ne possèdent pas plus spécialement le plaisir. Où le trouver ?

La faim et la curiosité le menèrent dans un restaurant célèbre. Il avait rêvé si souvent d’y festoyer qu’il se commanda un repas abondant et compliqué. Puis, par un reste d’habitudes étroites, il mangea tout pour ne rien laisser de mets aussi coûteux. L’addition ne l’en vexa pas moins.

Il échoua au théâtre et s’y endormit. Son estomac le tracassait. Toute la nuit il subit les affres d’une indigestion. Des cauchemars agitèrent son sommeil.

Il se leva le matin, bouleversé. Les cauchemars, c’est là un grave symptôme. Tel jour ils proviennent d’une indigestion, le lendemain d’une obsession quelconque.

Marc écrivit :

« Je me défends tout excès de table. L’aventure d’hier est significative. En outre un mauvais estomac entraîne des humeurs sombres. »

Cet échec ne le découragea point. Les distractions ne se ramassent pas comme des cailloux sur la route. Ne connaissant personne, comment aurait-il pu se divertir ? L’essentiel était de se créer des relations.

Il poursuivit cette tâche ardue en fréquentant les théâtres et les bals de bienfaisance. Il choisissait aussitôt les personnes dignes de son amitié, choix