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mon amie, madame rollet

caractère indolent. Le mouvement l’ennuyait. Il marchait à peine, ne chassait pas, restait des journées entières à fumer des pipes dans la principale pièce de son manoir, vieille construction délabrée et dénuée de style.

H mangeait beaucoup, buvait ferme et pensait peu. D’intelligence pauvre, il se contentait d’un nombre restreint d’idées simples qui se présentaient à tour de rôle et qu’il ne se lassait pas de ruminer.

Le soir, à l’hôtel de France, dans une salle spéciale, il rejoignait une dizaine de hobereaux et de fonctionnaires, qui le traitaient avec considération à cause de sa fortune. Quand il en éprouvait le besoin, il prenait, à droite ou à gauche, une fille de campagne. Il la choisissait parmi celles qui avaient déjà fauté, et s’arrangeait pour ne pas l’engrosser, ayant horreur du scandale et des potins.

Or, un vendredi, cinq ans après la mort de sa femme, des amis de Rouen le retinrent à dîner. Le repas fut très gai, le champagne coula, puis on se munit de cigares et l’on alla, finir la soirée aux Folies-Bergères.

Il y avait là la foule bruyante des jours de