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mon amie, madame rollet

chez lui, Gaspard sentait la nécessité de dénouer un jour cette situation fausse. Il ne pouvait pas éternellement abandonner son fils à des mains étrangères. Puis l’avenir commençait à l’inquiéter. Qu’en ferait-il plus tard ? Dans quelle voie l’engagerait-il ?

À la suite d’un procès qu’il perdit par la négligence de son avocat, il résolut de le pousser vers le barreau. Il se rappela bien que son frère Rodolphe, envoyé jadis à Paris pour ses études de droit, avait gaspillé sa fortune, volé leur père et souillé le nom de la famille. Mais cet exemple ne changea pas sa détermination. La carrière d’avocat plaisait à ses instincts de Normand et à sa vanité de paysan. Il se promit du reste, une fois l’époque arrivée, de diriger son fils avec fermeté et de le dérober, par quelque artifice, aux tentations malsaines de celles qu’il nommait, en souvenir de son pauvre frère, des créatures perverses.

Cependant sa vie continuait, monotone et sans incidents. Sauf le vendredi où, par habitude, il se rendait à la Bourse de Rouen, il ne quittait guère Beuzeville.

Grand et fort, de figure énergique, il avait un