Le soir, il raconta l’incident à Mme Fouque :
— C’est un bon garçon, ce Ferrand, dit-il.
Elle répondit simplement :
— Oui, c’est un brave cœur.
Et elle ajouta :
— Tu devrais te raccommoder avec lui, ce serait d’un bon effet.
Il répartit :
— Tu as peut-être raison, je réfléchirai.
Il y songea une partie de la nuit. Plusieurs motifs l’incitaient à se réconcilier. D’abord il jugeait que dans sa haute situation, avec le rôle politique que l’avenir lui réservait, il devait pardonner à ses ennemis et ne décourager aucune bonne volonté.
Puis la rancune ne convenait pas à son caractère. Il jouissait d’un bonheur trop intense pour tenir rigueur à un rival qui s’humiliait, et ne pouvait non plus répondre par de l’ingratitude aux services rendus.
— Sans lui, pensa-t-il, je ne serais peut-être pas ce que je suis.
Le lendemain matin, comme sa femme se levait, il lui dit :