Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
la fortune de m. fouque

croustillants, échafauda toute une scène de débauche et de luxure qui émoustillait ces messieurs et leur allumait les yeux et les pommettes.

Mais ces récits ne survenaient que comme intermèdes. En réalité, M. Fouque se taillait une place, une grosse place parmi les gens sérieux du cercle. On l’écouta d’abord avec intérêt pour se gausser de lui, puis les moqueries s’usèrent, l’intérêt persista, et on l’écouta par habitude.

Il n’eut pas, à proprement parler, de spécialité, mais sur toutes les affaires un peu graves, réclamant une expérience approfondie, son avis acquit une valeur incontestée. On le consultait comme une personne de bon conseil, et beaucoup de ses collègues eurent à se louer de sa clairvoyance.

Sa femme seule le chagrinait. La mine contrite de Julie pendant les repas, son silence obstiné, contrariaient sa digestion. Il souhaitait une figure plus réjouie, une conversation soutenue, de l’entrain.

Et, attendri par la bonne chère, par les vins capiteux, il refoulait à grand’peine l’en-