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la fortune de m. fouque

devant lui. Puis, pendant qu’il la mangeait, je l’escaladai prudemment, avec précaution, et, m’aidant de sa crinière, je me hissai à genoux sur son dos jusqu’à la fenêtre, et je vis… ma femme… et… et Ferrand.

Une troisième fois, M. Fouque s’arrêta. Il promena sur les assistants un regard circulaire. Toutes les figures étaient empreintes d’une curiosité ardente qu’il se plut à tenir en suspens. Il sentit qu’il possédait son auditoire, qu’il l’avait bien en main, qu’il pouvait le mener à sa guise.

— Eh bien ! eh bien ! réclama-t-on, allez.

Ses traits se dilatèrent. Un contentement indicible se trahissait dans tout son être, dans ses joues épanouies, dans la mimique de ses petits bras qui s’agitaient joyeusement.

Il reprit nonchalamment, d’un air bonasse :

— Que vous dirai-je de plus ? comment vous décrire mon indignation ? Seuls ceux d’entre vous qui ont passé par là me comprendront. Et puis, est-ce que je me rappelle, moi ? Il y a de ces minutes d’égarement qui ne laissent aucune trace. Ce que je puis affirmer, c’est que je les ai couverts d’invectives, que j’ai cogné contre la porte à coups redoublés, que j’ai tenté de démo-