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la fortune de m. fouque

célibataires, éveilla chez les autres une raillerie mêlée de peur, cette peur sourde des maris que l’infortune peut atteindre à leur tour.

M. Fouque jouissait de l’effet produit, et pour le prolonger, il répétait :

— Cocu… cocu…

d’un air pénétré.

— Voyons, un peu de courage, il n’y a pas que vous, s’écria avec fatuité Germain, un vieux beau surnommé « le tombeur de femmes ».

— Pas que moi, pas que moi, gémit l’entrepreneur, ça n’empêche pas que je sois cocu.

— Bah ! On n’en est jamais sûr…

— Comment, hurla M. Fouque, hors de lui, je ne le suis pas ? Mais puisque je l’ai vu ! Vous n’allez pas le nier, j’espère ? On voit ce que l’on voit.

On s’interposa.

— Évidemment, Germain, puisque Fouque assure…

— C’est vrai, mais qu’a-t-il vu ? — Ce que j’ai vu… ce que… eh bien…

Il hésita. Une pudeur subite le retenait. Il avait honte de publier son aventure, et il fut sur le point de la cacher, comme un malade qui