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un amour

cordieuse pour l’aimé de toute sa vie, ces injures dont chacune lui coûtait un peu de son existence. Et, bonne, prévenante, d’humeur égale, elle obtenait quelques jours de sa présence, autant de jours de bonheur.

Une fois, un peu gris sans doute, il s’écria :

— Qu’as-tu fait de moi ? Un propre à rien, un déclassé. Je pouvais aspirer à tout. Aujourd’hui je suis perdu. Nous n’en serions pas là si tu n’avais pas eu l’habitude de te jeter dans mes bras derrière le dos de ton mari et de m’embrasser dans les coins, presque malgré moi.

Elle le regardait, épouvantée. Cela le mit hors de lui, et lâchement il la martyrisa. Il dit son ennui, ses désillusions, son écœurement, la fin de son affection. Et il insistait, d’un ton violent comme pour se convaincre :

— Car je ne t’aime plus, il n’y a pas à dire, je ne t’aime plus… Tiens, veux-tu savoir tout : eh bien, je ne suis même plus jaloux.

Puis soudain, conscient de son infamie, il s’enfuit.

Il fit un excursion en Bretagne. Quand il reparut, il reçut de Marthe un billet. Elle le priait de venir.