Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
la fortune de m. fouque

— Alors vous croyez ?

— Je ne crois rien, j’expose une opinion personnelle.

— Vous êtes dur, mon ami, Mme Fouque est incapable…

— Il ne faut pas se fier aux femmes, interrompit sagement Boulard. Je les ai étudiées de près, quand j’étais interne à l’hôpital de Rouen, je peux me vanter d’avoir poussé mes investigations jusque dans les replis les plus cachés du sexe faible… Eh bien, la plus honnête ne vaut rien. Méfiez-vous, mon cher, méfiez-vous.

M. Fouque eut un geste désespéré et l’angoisse la plus vive se peignit sur son visage.

— Moi, je n’hésiterais pas, articula nettement le pharmacien. À votre place, je mettrais mon chapeau, je gagnerais la route d’Yvetot, et j’irais surveiller un peu le carrefour des Ormes. Il ne vous en coûte rien et, après, vous serez plus tranquille. Qu’en dites-vous, messieurs ?

Ces messieurs n’opposèrent aucune objection. Mais M. Fouque, quoique persuadé, se débattit encore pour le plaisir de discuter. Il lui répugnait d’espionner, il considérait cet acte comme indigne de loi. Profitant de l’occasion, il babilla