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un amour

s’en servait sans scrupule. Ne parlant jamais ouvertement de Lucien, elle faisait cependant en sorte que le nom du jeune homme fût lancé par son mari, ou même qu’une allusion indirecte à quelque incident de cette époque rappelât à Jacques la souillure de sa maîtresse. Elle lui infligeait ainsi un supplice de toutes les minutes, attisant la flamme qui le brûlait, avec une cruauté de bourreau.

Insensiblement le vide se fit autour d’eux. Marthe y contribua en s’affichant avec Civialle dont la vanité d’homme s’accommodait de cette forfanterie.

Un jour, il avait dit :

— Pourquoi nous cacher, tu as donc honte de notre liaison ?

À la suite de ce mot, elle sacrifia bravement sa réputation. Une à une, ses amies disparurent, celles-ci par pruderie, celles-là offusquées de cette constance.

Un événement se produisit, qui acheva de les isoler. Marthe mit au monde un garçon qu’ils appelèrent Georges. Le baptême eut lieu à la campagne, Jacques fut parrain ; puis, quand l’hiver arriva, ils ne retournèrent pas à Paris.