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un amour

les sentiments que nous nous cachons habituellement, dont nous n’avons même pas conscience.

Et aussi elle savait ce qui s’agitait en Jacques. Tout ce petit monde de sensations et d’instincts, de déboires et de mesquineries, elle le voyait grouiller sous la fixité de son attention, elle l’observait comme avec une loupe, et tout cela se formait, se développait, grandissait, devenait un ensemble de motifs qui expliquaient à Marthe la conduite de son amant.

Le passé, le présent, se formulèrent en elle d’une manière très nette. Elle avait trop aimé Jacques, lui, s’était lassé d’une liaison trop calme, et il revenait aujourd’hui, piqué par une jalousie d’autant plus aiguë qu’il n’avait plus aucun droit sur la maîtresse dédaignée.

De tout cela elle conclut qu’un lien indissoluble l’attachait à cet homme, qu’il n’y avait pour elle de bonheur que par lui, et qu’il était là, à sa portée, facile à reprendre.

Donc elle devait tenter l’épreuve et, par quelque artifice que ce fût, s’emparer de lui et le garder, cette fois, pour toujours.

Impatienté de ce silence obstiné, il marchait