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un amour

Elle l’interrogea avec douceur, devinant en lui un chagrin réel.

— Voyons, dites-moi franchement où vous voulez en venir au lieu de louvoyer ainsi.

Cette tranquillité l’outrepassa, et il s’expliqua brutalement :

— La vérité ? La voilà. Tout l’hiver, m’a-t-on dit, vous vous êtes affichée avec ce Lucien. Jusqu’ici, rien de mal, vous êtes libre de vous compromettre. Mais, tout à l’heure, au cercle, quand M. Terrisse est entré, j’étais dans un groupe ainsi que votre cousin. On a chuchoté, et l’un de ces messieurs a fait une plaisanterie déplacée sur l’amitié vraiment aveugle que certains maris ont pour les cousins de leurs femmes. Là-dessus, Beaugrand répartit, d’un air fat : « Que voulez-vous, le métier de cousin comporte des charges auxquelles on ne doit pas faillir. » Avant de châtier ce misérable, j’ai tenu à vous demander si rien… dans vos façons… n’autorisait…

Il continua longtemps, hachant ses phrases, l’air honteux de sa grossièreté. Certes il ne soupçonnait pas Mme Terrisse, mais la suffisance de cet homme méritait une punition.

Marthe écoutait, interdite, frémissant sous l’af-