… En le quittant elle lui donnait invariablement une lettre, une sorte de journal où elle détaillait, en ses moments de solitude, l’histoire touchante de son âme, minute par minute, pensée par pensée.
— Comme cela, disait-elle, je t’oblige à ne pas m’oublier.
Une fois elle retrouva dans la poche de Jacques sa dernière lettre non décachetée. Ah ! l’angoisse qui lui serra le cœur, les sanglots qu’elle ne put retenir, l’embarras de son amant, comme elle se rappelait tout, et avec quelle précision terrible !
Comment n’avait-elle pas compris la fatigue de Jacques, à cet instant où il ne dissimulait plus, las de mentir, incapable d’inventer une excuse.
Une autre fois… Elle secoua la tête, refusant de s’abandonner plus longtemps à cette recherche vaine. Le fait brutal, indiscutable, c’est qu’il ne l’aimait plus. Qu’importait la cause ? Et elle se répétait intérieurement : « Il ne peut plus m’aimer, je ne le reverrai pas. » Elle n’eut aucune révolte. Un désespoir morne la pénétrait. Elle