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un amour

D’une beauté réelle, malgré ses traits plutôt irréguliers, elle avait des joues et un menton un peu gras, troués de fossettes rieuses, un bas de figure très gai, puis des yeux tristes, un regard Sans chaleur, sans éclat. Ce contraste laissait un doute sur son véritable caractère. Ses sourcils noirs qui se rejoignaient, et sa mâchoire inférieure qui avançait imperceptiblement, indiquaient une volonté ferme. Les épaules étaient larges, la poitrine bien faite.

Ses distractions cependant se renouvelant trop fréquemment, elle haussa les épaules, incapable de lutter. À quoi bon d’ailleurs ? Pouvait-elle se soustraire à l’obsession du souvenir ? Tout, autour d’elle, dans ce cadre où elle s’obstinait à rester, ne ravivait-il pas le mal dont elle souffrait ? Elle se prit la tête entre les mains et murmura : « Non, non, je ne veux pas. » Mais elle n’avait plus de force et des lambeaux de son passé défilèrent devant elle, pêle-mêle, comme des chapitres d’un même livre parcourus au hasard, en dépit de l’ordre.

Tout d’abord se présenta — car de là provenait sa douleur — sa rupture avec Jacques Civialle. Une rupture, non, Jacques était parti, la