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les époux dumouchel

figure insouciante. Ils regardaient autour d’eux, écoutaient, respiraient, se laissaient envahir par dès sensations neuves dont ils subissaient à leur insu l’influence réconfortante.

Pour la première fois, leur corps comprenait le charme de certaines choses. Leur poitrine s’ouvrait largement aux ondes d’air pur qui sillonnaient le plateau. Leurs yeux voyaient, leurs oreilles entendaient. Ils remarquaient le vol d’un oiseau, le frémissement d’une herbe, la chute d’une feuille, le glissement d’un nuage gris sur l’azur du ciel. La chaleur du soleil coulait en leurs veines. Le calme des champs rassérénait leur âme. Ils se sentaient plus légers, plus souples, plus jeunes, plus à l’aise dans leurs mouvements. Et ils n’avaient plus ni rancune, ni haine, ni méchantes pensées.

De retour chez eux ils trouvèrent, préparant le repas, la nouvelle bonne arrêtée depuis la veille. Une odeur de pot-au-feu remplissait le vestibule. La maison était tranquille, il y régnait ce silence qui sied à la demeure de bourgeois paisibles.

En attendant le dîner, ils s’assirent l’un près