Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
les époux dumouchel

les mains abandonnées, hochant la tête, le contemplant avec des yeux qui retiennent leurs larmes, essayaient d’émettre un son : « Pauvre… pauvre… » et s’enfuyaient comme si l’émotion les eût empêchés de parler.

Certains jouaient le rôle de consolateurs et lui tapotaient l’épaule :

— Du courage, Dumouchel, du courage, soyez homme… que diable ! Tout n’est pas perdu, il vous reste encore votre épouse…

tandis que d’autres au contraire l’excitaient à pleurer :

— Pas de fausse honte, allez, pleurez tant que vous pourrez, cela soulage tellement.

Un monsieur, dont il ne savait pas le nom, lui dit :

— Personne mieux que moi ne vous comprend, hélas ! j’ai passé par là, moi aussi.

Un de ses collègues lui conseilla de chercher des forces en lui-même. Un vieillard lui montra le plafond : « Et Dieu ! Dieu que vous oubliez, Dieu le seul refuge des affligés. »

Toutes ces marques de sympathie remuaient profondément Dumouchel. D’abord très calme, très modéré dans sa douleur, il se sentait peu à