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la fortune de m. fouque

— Eh bien, Fouque, qu’y a-t-il ? Vous avez l’air tout je ne sais quoi.

Il leva la tête brusquement, simulant à cette question impatiemment attendue, un embarras qu’il n’éprouvait pas. Puis il plissa le front, fit prendre à son visage une expression découragée et soupira :

— Moi ? rien, un embêtement…

On se tut de peur d’être indiscret. Mais lui, fâché qu’on ne l’interrogeât plus, continua :

— Oui, un embêtement, un gros embêtement… une lettre…

Quelqu’un demanda, par politesse :

— Ah ! une lettre ?

— Oui, une lettre… une lettre anonyme…

Ces messieurs se tournèrent vers lui, et l’un d’eux, abandonnant sa pipe, répéta :

— Anonyme ?

— Oui, une lettre anonyme.

— Mais, concernant qui ?

— Concernant… concernant…

Il hésita quelques secondes, quoiqu’il brûlât de parler ; puis, paraissant se décider tout d’un coup, il acheva résolûment :

— Concernant ma femme.