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les époux dumouchel

l’aise, heureux, paisibles ; aujourd’hui, c’était la gêne, l’inquiétude, l’ennui. À qui la faute, sinon à elle ?

Et sur elle retombait le poids formidable de leurs déceptions et de leurs habitudes détruites. C’est elle qui excitait leurs colères, elle qui les forçait à lever la main l’un sur l’autre, elle qui injuriait, elle qui battait. Chaque coup que François portait à sa femme, il en rendait sa fille responsable : chaque coup que Berthe recevait, elle en accusait sa fille.

Il se pardonnaient tout, mais ne lui pardonnaient rien à elle, la seule coupable, la seule criminelle.

Une dernière déception leur était réservée, effroyable, inattendue.

Au commencement de novembre, ils apprirent soudain la mort de la tante Roussel. En toute hâte ils coururent à son domicile. La dame de compagnie, une veuve du nom de Brique, veillait le cadavre. De suite ils l’apostrophèrent et Berthe, grincheuse, s’écria :

— Vous ne pouviez pas nous avertir pendant sa maladie ! Vous aviez vos raisons probablement pour retarder l’arrivée des parents les plus proches