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les époux dumouchel

de sottises et d’outrages. Il courba la tête, l’air farouche. Il gardait de son aventure une lassitude telle qu’il ne pouvait, en son cerveau vide, trouver une réponse pour se défendre. Encouragée, elle redoubla d’invectives. Quand elle eut achevé, il marcha vers elle et, froidement, il la battit.

Cela le soulagea. Il abandonna de lui-même le café. Pourquoi fuirait-il des querelles où l’avantage lui restait inévitablement ? Il rechercha les disputes en taquinant sa femme, en chantonnant le nom de Céline. Berthe, poussée à bout, défilait son chapelet de grossièretés, et lui, à son tour, la giflait, la bourrait de coups de poing.

L’intérieur des Dumouchel devint un enfer. À tout instant, pour un mot, un geste, une allusion, les scènes de pugilat se renouvelaient, accompagnées de vociférations et de crises de nerfs.

Et leur rancune envers l’enfant croissait toujours, croissait démesurément.

Ils la détestaient de tout leur être pour les privations qu’ils enduraient, pour leurs tracas d’argent, pour leurs dissentiments. Un fait brutal s’imposait à eux : jadis ils vivaient à