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les époux dumouchel

première dent, en septembre elle balbutia : « Maman », en octobre elle ébaucha quelques pas. Mais chacun de ces progrès, de graves événements pour tant d’autres, chez les Dumouchel passa inaperçu.

Le printemps, puis l’été s’écoulèrent, et l’automne arriva sans qu’il leur vint un peu de tendresse au cœur, aux lèvres un besoin de baisers, aux bras l’envie de bercer le bébé qui grandissait. Ils ne pensaient jamais à lui de la même manière que les parents pensent à leur enfant, cet être créé du contact de leurs corps et en qui doit revivre leur jeunesse et se continuer leur race. Sans doute elle était née trop tard, elle avait brisé des habitudes trop indispensables, pour qu’en leur âme aride et rancunière pût germer une affection douce, un sentiment de paternité.

N’étant point la fille, elle fut l’étrangère, l’ennemie, et ils la traitaient comme telle.

Ils ne s’attaquaient plus à la nourrice, ils visaient directement la petite.

— Soyons conséquents, déclarait François, ce n’est pas à elle qu’il faut s’en prendre, c’est à la mioche.

Le premier pas franchi, ils manifestèrent leur