Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
les époux dumouchel

veux de tous les affronts dont on nous abreuve, Elle est responsable de tout, elle a tué notre bonheur, elle a écorné notre fortune, et je te le dis, Berthe, elle nous mettra sur la paille, cette morveuse !

À son tour, Mme Dumouchel éclata. Elle n’en pouvait plus ; et elle exhala sa colère, attaqua sa fille avec plus d’âpreté peut-être que son mari.

Alors, dans l’ombre, battu par le vent, aveuglé par la pluie, le couple vida son cœur. Ils vomirent toute la bile et toute l’amertume amassées depuis la naissance de Céline. Rien ne fut oublié. Ils dressèrent contre l’accusée un réquisitoire minutieux, exposant la multitude de ses fautes, l’importance de ses crimes, démontrant jusqu’à l’évidence son absolue culpabilité.

Et ils éprouvaient à injurier ainsi leur enfant, le sang de leur sang, la chair de leur chair, une jouissance infinie, une satisfaction perverse et délicieuse.