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les époux dumouchel

elle boit notre vin, et, au lieu de nous aider, d’être complaisante, elle se croise les bras, agit comme la maîtresse de céans. On croirait que nous sommes ses employés, ses inférieurs !

Mais au fond, c’était l’enfant le réel, l’unique objet de leur colère. Les humiliations subies, leur abaissement, leurs embarras d’argent, leurs déceptions, leur solitude, tout se tournait contre la malheureuse. Quotidiennement les innombrables habitudes, qui composaient l’essence même de leur vie dénuée d’initiative, se heurtaient à un obstacle, un obstacle invincible dressé par elle. Après une courte lutte, le passé succombait une fois encore. Mais cette défaite engendrait une souffrance, et cette souffrance un ressentiment nouveau.

Puis l’ennui les rongea. Ils n’avaient plus comme jadis, pour maintenir leur gaîté, l’attente et le souvenir de leurs réceptions, et ils savaient que jamais plus ces soirées ne reviendraient-Là peut-être se trouvait leur plus grand grief contre l’enfant.

— Tu ne te figures pas, pleurnichait François, combien nos fêtes me manquent, cela m’était devenu nécessaire comme l’air que je respire,