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les époux dumouchel

Le soir, l’état de Céline empira. Ils passèrent la nuit à côté de son berceau. Au matin, on appela M. Barrès. Il ne put que constater la fin de la crise.

— C’était bien la peine de nous priver de notre sommeil, remarquèrent avec humeur les Dumouchel.

À dix heures, les collègues de Dumouchel le virent arriver, la figure tirée, les yeux bouffis, les jambes défaillantes. Quelle que fut sa fatigue, il n’aurait point déserté le bureau. Le jour de l’an approchait, une vacance s’était produite parmi les postes les mieux rétribués de la mairie, et François semblait tout désigné pour cet avancement. Un seul concurrent lui portait ombrage, le préposé aux mariages, M. Bourdet, que protégeait le premier adjoint. Et encore se flattait-il de l’évincer.

Distraitement il enregistra quelques décès et expédia quelques actes, embrouillant les noms, les dates, les sexes, les âges. Ses paupières clignotaient, son front alourdi tombait. Enfin, quand il jugea l’instant propice, il ferma la porte à clef, s’étendit sur deux chaises et s’endormit.

De mauvais rêves le poursuivirent. Sa fortune