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les époux dumouchel

IV


Au bout d’une semaine l’enfant dépérit visiblement. Berthe, qui s’obstinait à la nourrir elle-même, s’épuisait. Le docteur se fâcha.

— Si vous continuez, je ne réponds plus de rien, ni de votre fille, ni de votre santé. Il faut une nourrice, une bonne nourrice.

Les époux furent atterrés. Ce mot de nourrice évoquait en eux l’idée d’une femme rapace, acariâtre, d’une étrangère qui s’installerait à leur foyer et les pillerait, les rançonnerait, entretiendrait à leurs dépens son mari, ses enfants, sa famille entière.

Dumouchel insinua :

— Pourquoi pas le biberon ?

— Non, non, répondit le docteur impatienté, une nourrice, et le plus tôt possible.