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les époux dumouchel

On se tourna vers Berthe. Elle était ferrée sur ces sortes de questions. Elle débrouillait les généalogies les plus compliquées, trouvait entre deux personnes des parentés quelles ignoraient elles-mêmes, savait les noms et les petits noms des conjoints, leur âge exact, la date de leur mariage, le chiffre de leurs dots et celui de leurs espérances.

Elle répondit sans sourciller :

— C’est une demoiselle Levasseur, des Levasseur, Vatinel et Cie, fabricants de bretelles à Darnétal. Elle est cousine germaine des Bouju-Vossard, filateurs, la sœur de sa mère, une demoiselle Vossard, ayant épousé un monsieur Bouju. Elle a apporté 150 000 francs et une ferme à la Neuville.

Ce point éclairci, à la grande admiration de François, que stupéfiait toujours la mémoire de sa femme, les Dumouchel supplièrent Mlle Bouquet de toucher un peu de piano. Après quelques façons, elle se rendit à leurs instances.

Cet inévitable intermède, que la pianiste allongeait sans pitié, torturait les invités, mais donnait à la réunion une couleur artistique qui flattait leur amour-propre. Ils écoutèrent religieusement.