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les époux dumouchel

Cette cour, qui se bornait à quelques déclarations platoniques, exprimées en termes prétentieux, gonflait d’aise les deux époux.

L’arrivée de Mlle Bouquet, professeur de piano, de M. Lormier, gardien du cimetière Monumental, et de sa dame, marchande de fleurs et de couronnes mortuaires, compléta la société habituelle du samedi.

D’abord la conversation traîna. Chacun parlait de soi, de ses petites affaires, de ses ennuis. Mais Dumouchel interpella Lormier : « Eh bien, quoi de neuf en ville ? » et les visages s’animèrent.

Par suite de leurs fonctions qui les mettaient en rapport avec les domestiques, avec les cochers de maître et les cochers de fiacre, les Lormier connaissaient les événements les plus récents. Ils donnèrent des détails curieux sur la mort mystérieuse du général Rossignol, tué en réalité par le mari de sa maîtresse, le baron de X… Puis ils racontèrent la conduite légère de la jolie Mme Berchon. Et tout le monde bava sur la malheureuse, on la déshabilla, on blâma sa mise excentrique et ses allures évaporées.

— À propos, interrompit-on, de quelle famille est-elle ?