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la fortune de m. fouque

risquait une observation, Mme Fouque le rudoyait et s’enfermait dans sa chambre. Elle n’avait pas pour lui les égards dus à un chef de maison. Elle ignorait les complaisances et les empressements qui flattent l’amour-propre, les soins qui dorlotent, les chatteries qui engourdissent, elle négligeait les gentillesses, les petites douceurs, les plats sucrés. Enfin elle ne réalisait pas l’idéal de la femme pour M. Fouque, un mélange de garde-malade et de cuisinière.

Il s’en plaignit ; puis, constatant avec regret que rien ne pouvait remédier à cet état de choses, ni sa mauvaise humeur, ni ses bontés, ni ses prières, il abandonna la lutte et se résigna.

Au cercle il sentait davantage encore sa situation subalterne. Il s’exaspérait de voir les joueurs de billard et de whist interrompre leurs parties quand Me Gautier, le notaire, causait politique, ou quand cette mauvaise langue de Lamotte racontait les potins de la ville. Et Ferrand donc, son meilleur ami, tous se taisaient dès qu’il développait ses idées sur la littérature et qu’il jugeait le feuilleton de l’Éclaireur Cauchois. Valin, ce gros homme ridicule, captivait son auditoire par le récit de son voyage en Bretagne.