Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
mon amie, madame rollet

Les enfants grandissaient côte à côte. Roger, toujours malingre, s’allongeait et maigrissait, comme si on l’eût tiré par les pieds et par la tête. Ses vêtements étriqués et ses pantalons trop courts augmentaient son aspect ridicule.

La ressemblance de Juliette et de sa mère s’accentuait, mais la petite avait l’air plus malicieux et plus éveillé.

Le jeudi, Mme Rollet envoyait Adèle chercher le lycéen et la bonne promenait les deux enfants. Les passants remarquaient leur sagesse. Souvent le dimanche ils allaient déjeuner à Beuzeville. Ils s’aimaient beaucoup et se confiaient leurs joies et leurs peines.

Et soudain tout cela cessa. Quand ils atteignirent leur seizième année, ils furent séparés.

Cette décision avait exigé de nombreux conciliabules entre les deux amants. Joséphine la croyait inutile et Gaspard indispensable.

— Laisse-moi faire, dit le cultivateur, je connais la question mieux que toi. Or, sache-le bien, notre projet en dépend.

Son amie, Mme Rollet, se résigna.

Dès lors, privés de distraction, ils vécurent