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mon amie, madame rollet

III


Longtemps Gaspard subit, sans y répondre, les interrogations de Mme Rollet. Elle eut beau supplier, pleurer, se fâcher, rien n’entama son mutisme farouche. Il garda son secret comme une relique précieuse. Tremblant qu’un indice ne mît sa maîtresse sur la voie de la vérité, il pesait ses moindres mots, ne parlait qu’à regret, et découvrait lui-même à la phrase la plus insignifiante qui lui échappait un double sens mystérieux capable de livrer la clef de l’énigme.

Cela dura un an. Puis ce rôle silencieux l’excéda. La monotonie des repas et des soirées devenait intolérable. Joséphine, lasse de prier, s’était décidée à le laisser en repos. Et dès qu’on ne l’interrogea plus, cette question s’imposa subitement à lui : dans quel but se taisait-il ?