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mon amie, madame rollet

Il faisait très doux. L’haleine du fleuve passait en brises fraîches qui inclinaient à peine les arbustes et les fleurs. Quelque part, sous les herbes, la source chantait, invisible.

Les deux petits marchaient en avant. Ils se tenaient par la main et bavardaient, elle dégourdie et prévenante, lui raide et guindé. Roger portait à son bras un panier de provisions.

Derrière eux, à une certaine distance, s’avançaient M. de Crochemont et son amie Mme Rollet. Gaspard, le visage souriant, ne disait rien. Il se délectait encore de la surprise qu’il avait imaginée. Joséphine cueillait des fleurs.

On goûta, puis on s’en retourna de manière à prendre le bateau-mouche et à rentrer pour le dîner.

Sur le pont le manque de sièges les contraignit à se tenir debout. Autour d’eux une multitude de bourgeois s’entassaient. La plupart des femmes revenaient avec des bottes de fleurs et les hommes avec des filets remplis de poissons.

Sous les regards les deux amants affectèrent un maintien grave et des attitudes de bon ton. Ils posaient au ménage légitime, s’appuyaient tendrement l’un contre l’autre et Mme Rollet