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mon amie, madame rollet

ne s’occupait jamais d’elle. Mais, par complaisance, il proposa :

— Si tu veux, j’irai à ta place.

— Vrai, tu veux bien ?

— Pourquoi pas ?

Au parloir, il demanda Juliette. Elle accourut les larmes aux yeux. Il lui emplit les mains et les poches de friandises, et tandis que la petite continuait à sangloter, il se rappela le premier baiser qu’il avait échangé avec Mme Rollet. C’était au-dessus de l’enfant endormie. Alors une sorte de gratitude le pénétra. Il se découvrit pour elle une affection subite. Somme toute, il lui devait son bonheur, sa tranquillité, les meilleurs jours de sa vie.

— Console-toi, lui dit-il, en la prenant sur ses genoux. Tu es une grande fille maintenant. Il ne faut pas faire de peine à ta mère.

Il la câlinait, l’embrassait, essuyait ses larmes, et Juliette, bientôt calmée, promit d’être sage et de travailler.

À cette époque, son fils entra comme pensionnaire au lycée de Rouen. Désormais Gaspard alla d’un parloir à l’autre. Il achetait une assiette de gâteaux, en offrait à Juliette et portait le reste