Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Valnais monta seul chez les Boutillier, et, sans entrer dans les salons, fit appeler Thureau par un domestique.

Thureau parut. C’était un homme d’une quarantaine d’années, fort élégant, aux cheveux blonds plaqués, à la courte moustache, et qui, très pénétré de son importance, affectait en toute circonstance une nonchalance que rien ne trouble et un scepticisme qui ne s’étonne jamais.

— Fugue de la jeune personne ? demanda-t-il quand Valnais lui eut, en quelques mots, expliqué la situation.

— Mais, dit Valnais indigné, elle en est incapable ! Non, rapt, enlèvement, séquestration.

— Fichtre ! dit Thureau. Alors, allons au Nouveau-Palace. Bien qu’à cette heure-ci, et sans mandat… Bah ! je prends sur moi…

Il descendit avec Valnais rejoindre dans l’auto Mme Destol. Quelques minutes après, tous trois entraient au Nouveau-Palace.

— Police, dit Thureau au portier. Allez me chercher le directeur.

— Mais, il dort, monsieur.

— Allez.

Après une courte attente, le directeur parut, mécontent, mais n’osant trop le montrer. En quelques mots, Thureau lui expliqua les faits sans nommer Nelly-Rose.

— Il faut monter chez ce Baratof, termina-t-il.

— Mais, s’il n’est pas là ou ne veut pas répondre ?

— Le garçon d’étage doit avoir un passe-partout. Il ouvrira.

— Dépêchons-nous, dit Mme Destol qui bouillait d’impatience.

Thureau, à la porte de Baratof,