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Devant le concert de protestations indignées que ces mots soulevèrent, Nelly-Rose comprit qu’il lui fallait s’expliquer.

Elle le fit en quelques mots, racontant la publication dans la revue polonaise, la lettre du Russe Baratof, la condition posée et la façon dont, le chèque ayant été touché, elle se trouvait engagée sans l’avoir voulu.

— Mais cet engagement ne signifie rien, s’écria Valnais indigné. La lettre de cet individu est une ordure bonne à jeter au panier ! C’est un chiffon de papier qui ne signifie rien !

— Évidemment, approuva Mme Destol. Cet homme est un drôle ! Un goujat ! Un… je ne sais quoi ! Tu ne le connais pas, Nelly-Rose ! Tu n’as pas à t’inquiéter de lui.

— Mais j’ai accepté ses conditions, dit Nelly-Rose. Involontairement, c’est vrai, mais accepté tout de même.

— Ça m’est parfaitement égal ! Tu ne recevras pas ce voyou, seule, la nuit ! Je te prie de croire que je ne tolérerai pas une telle abomination ! Je resterai ici et je me charge…

— Nous resterons tous, dit Valnais.

Mais la décision de Nelly-Rose s’affermissait de plus en plus.

— J’ai accepté, dit-elle avec calme. En ne le recevant pas, j’aurais l’air, en somme, de lui avoir escroqué cinq millions. Je le recevrai et, si vous restez, je descendrai et l’attendrai dans la rue… J’ai accepté, je vous dis.

— Mais, ma petite, tu n’avais pas le droit d’accepter !

— Peut-être, maman, mais j’ai accepté.