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La jeune fille gagna son appartement personnel, plaça dans un vase, sur la coiffeuse de son boudoir, la branche de lilas et revint vers la salle de bains.

À sa stupéfaction, elle y trouva les joueurs de bridge.

— Ça, c’est trop fort ! Voulez-vous bien vous en aller ! commanda-t-elle en riant.

Ils obéirent, sauf Valnais qui, laissant partir les autres, dit d’un ton de supplication :

— Nelly-Rose…

— Comment, vous êtes encore là !… Et vos partenaires ?…

— Un mot seulement, Nelly-Rose… C’est aujourd’hui, n’est-ce pas, que vous consentez enfin ?…

— Valnais, allez-vous-en, ou je vous asperge !…

Elle faisait le geste de diriger vers lui le tuyau de la douche. Elle riait, amusée par sa mine piteuse, amusée aussi par la perspective de la fête.

— Soyez un gentil Valnais, allez prévenir Victorine qu’elle m’apporte ma robe et mes souliers.

— J’y vais… Nelly, que vous êtes charmante !…

Il alla à la porte, et il se retourna :

— Est-ce que vous savez la nouvelle ? Les journaux de midi annoncent que Baratof arrive à Paris aujourd’hui.

Nelly-Rose tressaillit :

— Hein ? Qui arrive ?

— Baratof, je vous dis, le Russe aux cinq millions… Il a retenu un appartement au Nouveau-Palace.

Il sortit sans prendre garde à l’émotion de la jeune fille. Immobile, le visage contracté, elle resta un moment pensive. Puis, elle eut le geste de résolution d’une personne qui veut liquider tout de suite une