Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’un geste résolu, le Russe prit dans un tiroir son carnet de chèques et, rapidement, en libella un au nom du président de la Maison des laboratoires de Paris, et pour la somme de cinq millions. Il signa et barra le chèque et ensuite, sur une feuille de papier à lettre, écrivit :

« Mademoiselle,

« Aurez-vous la bonne grâce, le jour même où je vous le demanderai, et quelles que soient les circonstances, de me recevoir, dans votre boudoir, de minuit à sept heures du matin ? Si oui, vous voudrez bien remettre le chèque ci-inclus à son destinataire. Si non, déchirez-le.

» Sentiments très respectueux,

 » Ivan Baratof. »

Il mit le chèque et la lettre dans une enveloppe sur laquelle il inscrivit cette adresse :

« Mademoiselle Nelly-Rose Destol,

 » Maison des laboratoires,
 » Paris. »


Puis, il envoya quelques lignes à sa banque de Londres pour la prévenir à propos du chèque et demander qu’on l’avertît télégraphiquement dès que ce chèque serait touché. Il sortit alors pour jeter lui-même les deux lettres à la poste.

Une semaine passa dans le calme. Gérard préparait son départ, qui devait, on le sait, précéder de huit jours celui de Baratof.

La veille de ce départ, un assez vif incident, fortuitement provoqué, eut lieu entre les deux hommes. Gérard, mettant son manteau pour sortir, laissa tomber de sa poche, aux pieds de Baratof, une revue qui se déplia.

— Qu’est-ce que ça ? demanda le Russe. Tiens, tiens, la revue France-Pologne… Tu en as acheté un nu-