Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il vit un collier fait de cinq rangs de perles.

— Fichtre ! murmura-t-il, quelle pièce magnifique ! Une véritable fortune !

De fait, les perles étaient du plus bel orient, toutes égales et sans le moindre défaut. Il les fit glisser dans une de ses poches, avec un petit rire de connaisseur satisfait.

Mais sa découverte ne lui suffisait pas. D’après ses renseignements, il devait y avoir autre chose, un double fond sans doute. Il chercha longtemps quelque ressort invisible, ne trouva rien, et allait se décider à briser le coffret quand un déclic eut lieu et le couvercle intérieur se souleva.

Il aperçut alors une pochette en parchemin. Il la prit. Elle était gonflée de papiers et elle portait cette indication :

« Ces papiers m’ont été confiés, au mois de mai 1917, par mon très cher ami Eugène Destol, afin que je les transmette à sa famille. Je les dépose dans ce coffret avec le collier à cinq rangs de perles de ma femme. S’il m’arrivait malheur, je prie celle-ci de remplir, aussitôt que possible, la mission dont je me suis chargé. »

Et c’était signé : « Comte Valine ».

Il ouvrit la pochette en parchemin, prit la liasse de papiers et les déplia. C’étaient des titres de propriété auxquels se trouvait épinglé un reçu ainsi libellé :

« Reçu de M. Eugène Destol, sujet français, habitant place du Trocadéro, à Paris, la somme de trois cent mille francs pour sa part dans l’achat des mines de Seidewitz. »

Il y avait encore, dans la pochette, une photographie. La photographie d’une petite fille au charmant visage fin avec cette mention manuscrite : « Nelly-Rose à dix ans. »

L’homme eut un geste d’ignorance et d’insouciance. Il ne comprenait pas et ne cherchait pas à comprendre. On l’avait chargé d’une mission, sans lui en expliquer les dessous qu’il ne désirait du reste pas connaître. Bravant périls, fatigues et privations, il avait accompli la tâche fixée. Il avait réussi, cela seul l’intéressait.

Réussi ?… Pas encore ! Le plus difficile peut-être restait à faire.

L’homme, dans une poche intérieure de son vêtement, plaça les documents et les titres. Puis il combla soigneusement le trou et ramena, par-dessus, la neige. Ensuite, il alla au puits, y précipita le coffret vide, et suspendit la pioche où il l’avait trouvée.

Il s’éloigna. La neige qui tombait effacerait toute trace de son passage. C’était bien.

Il retraversa la plaine et rejoi-