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— Dans sa chambre ! Quelle horreur ! gémit Mme Destol, pendant que Valnais faisait un geste d’épouvante. Alors, tu étais dans sa chambre tandis que nous étions dans la cour, au bas de l’escalier, et que je tenais un revolver en main pour tuer ce bandit ?

— Je ne sais où tu étais, maman, mais je sais que je me trouvais dans sa chambre, et que tu aurais eu bien tort de le tuer.

— Et combien de temps es-tu restée près de lui ?

— Deux heures… trois heures.

— C’est effrayant… Et pendant ce temps ?…

— Pendant ce temps ? Eh bien, voilà, j’ai dormi, dit Nelly-Rose.

— Comment cela, dormi ? demanda Mme Destol.

— Mais, comme on dort, maman. En fermant les yeux.

— Et… lui ?

— Lui. Eh bien, il dormait aussi, appuyé à une table… Oui, ce misérable, ce bandit, comme tu disais tout à l’heure, s’est finalement conduit avec moi comme le plus généreux et le plus loyal des hommes…

— C’est vrai ? tu me le jures ? Il n’y a rien eu d’autre ?

— Maman, tu sais bien que je ne mens jamais…

— Mais, enfin, c’est un imposteur, un aventurier. On ne sait même pas son nom… les journaux l’ont dit…

— Quel que soit son nom, c’est celui d’un honnête homme. Il a été complètement lavé du soupçon qui a, un moment, pesé sur lui… Tu as bien vu que le vrai coupable, arrêté, a avoué et s’est tué. Quant à la rixe avec Baratof, qui était vraiment, lui, un misérable, elle a eu lieu pour me protéger.

— N’importe, ce Gérard est un fourbe. Il s’est fait passer pour un autre.

— Il a eu tout à fait tort et je ne saurais trop l’en blâmer… À part cela, c’est un honnête homme, maman.

— Honnête ou non, après tout, je m’en moque, s’écria Mme Destol.