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Il s’était levé. Gérard mesura Victor du regard.

— Vous ne pensez pas me faire peur ? dit-il avec calme.

— Tiens-toi tranquille, ordonna Nantas à Victor. Alors, voyons, monsieur… Gérard… Comprenez bien que vous ne vous en tirerez pas… Et écoutez, pour la dernière fois, un bon conseil… Faites la part du feu. C’est bête de tout nier. Dites pourquoi vous avez tué Baratof ?… Par vengeance, hein ?… Et vous l’avez dépouillé pour faire croire à un crime d’intérêt ? C’est ça, hein ? Alors, dites où vous avez caché les papiers, les billets, les bijoux… On vous en tiendra compte…

Nantas avait changé de ton. Il n’était plus goguenard. Ses paroles avaient l’apparence de la vérité… Et n’étaient-elles pas la vérité ?…

Mais la décision de Gérard était immuable.

— Inutile d’insister davantage. Vous êtes très habile, mais cette habileté ne peut être efficace qu’envers un coupable.

Nantas connaissait les hommes. Il comprit que ni par force ni par ruse, on ne ferait parler celui-là.

— Comme vous voudrez, dit-il seulement d’un ton qui signifiait : « À nous deux ! »

Il sonna pour faire desservir la table. Un long moment s’écoula. Le juge d’instruction reparut.

— Eh bien ? demanda-t-il du regard autant que de la voix, à Nantas.

Nantas eut un geste signifiant : « Il n’a rien dit. »

— Alors, définitivement, vous ne voulez pas parler ? dit M. Lissenay à Gérard. Vous vous refusez à donner l’emploi de votre temps de minuit à deux heures ?