Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis, se retournant vers son mari, elle présenta :

Mlle Geneviève, l’amie de notre fils.

M. Dervieu eut un mouvement de surprise. Mais, sans plus s’occuper de lui, Francine entraînait la jeune fille sous la lucarne qui éclairait la pièce et s’écriait :

— Vite, Geneviève. Alors, vous avez une lettre de Bernard ? Une autre fois, je vous en supplie, téléphonez-moi plus tôt. Il ne faut pas craindre de me déranger. Pensez donc, une lettre de Bernard ! Moi aussi, j’en ai reçu une avant-hier. Toujours bien portant… mais pas de détails…… Et vous, votre lettre est longue ?

Déjà elle tenait entre les mains la précieuse missive, et elle reprit tout en lisant :

— Il n’y a pas d’indiscrétion ? Je puis lire ? Ah ! le malheureux, il s’est encore perdu… Pas blessé ? Non… Comme il est jeune ! Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourvu qu’il ne lui arrive rien.

— Il ne lui arrivera rien, madame, affirma la jeune fille en souriant.

— Vous croyez ?

— J’en suis sûre.

— N’est-ce pas ? n’est-ce pas ? vous en êtes sûre… Ah ! quand vous dites cela, il me semble…

Elle avait mis la lettre dans son corsage, et une allégresse singulière la soulevait.